De l’obligation de se faire vacciner pendant la pandémie de COVID-19 aux fausses informations diffusées par des personnalités publiques, les vaccins restent un sujet récurrent dans le débat public au Canada. La question a pris un caractère d’urgence lorsque le Canada a perdu son statut de pays exempt de rougeole en 2025.
Afin de comprendre comment les opinions ont évolué, Léger Healthcare, la division de Léger consacrée à la recherche dans le domaine de la santé, a examiné la manière dont la confiance des Canadiens envers les vaccins a changé au cours des cinq dernières années, y compris ce qui motive leur hésitation face à la vaccination, où ils obtiennent leurs informations et comment ils en déterminent la crédibilité.
Du 3 au 7 novembre 2025, nous avons interrogé 300 professionnels de la santé, répartis de manière égale entre médecins généralistes, infirmiers et infirmières et pharmaciens et pharmaciennes, par le biais d’un sondage QuickPulse de Léger Healthcare. Sur la base de leurs réponses et commentaires, nous avons ensuite réalisé un sondage Omnibus du 14 au 17 novembre auprès de 1 521 Canadiens par le biais du panel LEO.
Une marge d’erreur ne peut être associée à un échantillon non probabiliste dans un sondage par panel. À des fins de comparaison, un échantillon probabiliste de 1 537 personnes donne une marge d’erreur ne dépassant pas ±2,50 % (19 fois sur 20). Avec un échantillon de cette taille, les résultats peuvent être considérés comme précis dans cette fourchette. La marge d’erreur varie pour les sous-groupes de la population, y compris les professionnels de la santé : les échantillons de petite taille produisent des intervalles de confiance plus larges.
Résumé du rapport
Les données sont claires : les Canadiens font confiance aux vaccins, mais cette confiance a baissé au cours des cinq dernières années. Seuls 40 % des professionnels de santé se disent très confiants de pouvoir aborder le sujet de la réticence à la vaccination avec leurs patients. Étant donné que les Canadiens ont identifié leur médecin de famille ou leur infirmière praticienne comme leur principale source d’information sur les vaccins, fournir aux professionnels de santé des informations claires, empathiques et cohérentes sur les vaccins pourrait contribuer à réduire l’hésitation vaccinale au cours des cinq prochaines années.
Ce que constatent les professionnels de la santé
Hésitation croissante
Alors que les médecins généralistes et les infirmières signalent la plus forte augmentation nette de la réticence à la vaccination (+34 à 35 %), les pharmaciens notent une légère augmentation nette (9 %). Deux facteurs expliquent probablement cette différence :
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- Les patients ne consultent les pharmaciens qu’après avoir décidé de se faire vacciner;
- Les pharmaciens vaccinent davantage les personnes âgées, le groupe d’âge qui a exprimé le plus de confiance envers les vaccins.
Les vaccins qui suscitent le plus d’inquiétudes
La plupart des professionnels de santé citent le vaccin contre la COVID-19 (88 %) et celui contre la grippe (43 %) comme ceux suscitant le plus de questionnements parmi les patients. Les données recueillies auprès du grand public concordent : 33 % des Canadiens sont réticents à l’égard du vaccin contre la COVID-19 et 28 % à l’égard du vaccin contre la grippe. Les Canadiens citant l’efficacité des vaccins comme leur principal facteur de décision, leur hésitation peut provenir de doutes quant à la capacité de ces vaccins à prévenir les formes graves de ces maladies.
Facteurs motivant l’hésitation
Les professionnels de santé identifient trois causes principales à l’hésitation vaccinale : l’inquiétude concernant l’innocuité (61 %), la désinformation provenant des influenceurs sur les réseaux sociaux (53 %) et la méfiance envers le gouvernement ou la santé publique (48 %).
Les médecins généralistes, principale source d’information des Canadiens sur les vaccins, attribuent plus souvent cette réticence à la désinformation et aux obstacles logistiques, tandis que les infirmières et les pharmaciens l’attribuent à la méfiance envers le gouvernement.
Cela dit, seuls 40 % des professionnels de santé se sentent très ou extrêmement confiants lorsqu’ils abordent la question de l’hésitation vaccinale, ce qui révèle un besoin évident d’un meilleur soutien.
Ce que les Canadiens nous ont révélé
Niveau de confiance selon l’âge et la région
Dans l’ensemble, 74 % des Canadiens ont plutôt ou très confiance dans les vaccins. La confiance augmente avec l’âge – elle est la plus élevée chez les personnes de 65 ans et plus – et atteint son maximum au Québec, tandis que les provinces de l’Atlantique, le Manitoba et la Saskatchewan sont les moins confiantes.
Bien que 58 % des répondants affirment que leur confiance n’a pas changé, ils sont plus nombreux à dire qu’elle a diminué (26 %) que ceux qui disent qu’elle a augmenté (14 %) depuis 2019. La confiance s’est surtout effritée chez les adultes de 35 à 54 ans, les femmes et les ménages avec enfants, tandis que les Canadiens de plus de 55 ans affichent une légère hausse de la confiance.
Ce qui motive la volonté de se faire vacciner
Les facteurs qui ont le plus d’influence sur la volonté des Canadiens de se faire vacciner sont :
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- L’efficacité à prévenir les formes graves de la maladie (38 %);
- La gravité de la maladie ou le risque d’en décéder (37 %);
- L’innocuité du vaccin et ses effets secondaires potentiels à long terme (30 %).
Les Canadiens restent le plus hésitants à l’égard des vaccins contre la COVID-19 et la grippe, tandis que la confiance est la plus élevée envers les vaccins contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO) et le zona. La plus grande incertitude concerne les vaccins contre le virus du papillome humain (VPH) et le virus respiratoire syncytial (VRS), qui ont chacun récolté un grand nombre de « je ne sais pas ».
Les parents ayant des enfants à la maison sont plus à l’aise avec les vaccins pour les enfants (RRO, VPH) et celui contre le VRS, tandis que les adultes sans enfants à la maison sont plus à l’aise avec les vaccins contre la grippe, la COVID-19 et le zona.
Sources d’information sur les vaccins
Les Canadiens consultent principalement leur médecin de famille ou leur infirmière praticienne pour obtenir des informations sur les vaccins, puis les sites web du gouvernement/de la santé publique et les pharmaciens.
Les personnes qui font le moins confiance aux vaccins sont plus susceptibles que celles qui leur font confiance de se fier aux informations fournies par les organisations religieuses ou communautaires, les prestataires de médecine alternative, leurs amis et leur famille, les sites web du gouvernement ou de la santé publique des États-Unis, et les médias sociaux. Ceux qui restent confiants, mais ont perdu une partie de leur confiance au cours des cinq dernières années se fient davantage à leurs amis et à leur famille.
Ce qui renforce ou effrite la crédibilité
Les Canadiens jugent la crédibilité en fonction de la personne qui fournit l’information et de la manière dont elle est présentée :
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- Les voix auxquelles on fait le plus confiance : les personnes ayant des qualifications médicales ou scientifiques.
- Messages auxquels on fait le plus confiance : informations transparentes, étayées par des preuves, qui expliquent clairement l’innocuité, l’efficacité et les effets secondaires.
Les personnes les moins confiantes insistent sur la cohérence avec d’autres sources; celles dont la confiance a diminué apprécient la clarté et la simplicité.
Qui est hésitant… et qui ne l’est pas
Les Canadiens hésitants face à la vaccination ont généralement les caractéristiques suivantes :
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- Ils sont plus jeunes (18-44 ans), locataires, issus d’origines diverses (Autochtones, Sud-Asiatiques, Asiatiques du Sud-Est).
- Ils ont un revenu et un niveau d’éducation moins élevés, et se retrouvent en plus grande proportion dans les zones rurales de l’Alberta et des Prairies.
- Ils sont influencés par les chefs religieux/communautaires, les praticiens de médecines alternatives et les influenceurs des réseaux sociaux.
Les Canadiens qui font confiance aux vaccins sont plus souvent :
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- Âgés de plus de 55 ans, propriétaires, de race blanche ou d’origine chinoise, avec des revenus et un niveau d’éducation plus élevés.
- Concentrés dans les zones urbaines de l’Ontario et de la Colombie-Britannique.
- Ils se fient aux informations fournies par leur médecin de famille, leur pharmacien et les sites web de santé publique, tout en privilégiant une communication claire et fondée sur des preuves.
Comment rétablir la confiance
Pour soutenir les professionnels de santé et renforcer la confiance du public, les défenseurs des vaccins doivent :
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- Être clairs et transparents. Présenter clairement les avantages et les risques via des canaux cohérents et multilingues.
- Humaniser les messages. Associer les preuves scientifiques à des témoignages personnels sur la protection des proches ou la réduction de la pression sur le système de santé.
- Encourager le dialogue. Proposer des webinaires, des forums communautaires et des séances de questions-réponses sans jugement dans les cliniques.
Le constat à retenir : la confiance dans les vaccins au Canada est élevée, mais fragile. L’assurance d’une confiance soutenue dépendra de la clarté, de l’empathie et de la cohérence des messages diffusés par les personnes et les plateformes auxquelles les Canadiens font déjà confiance.
À propos de Léger Healthcare
Léger Healthcare est la division dédiée aux soins de santé chez Léger. Grâce à ses panels exclusifs regroupant plus de 500 000 patients et 35 000 professionnels de la santé, Léger Healthcare propose des études complètes pour aider les organisations à s’y retrouver dans le paysage en constante évolution des soins de santé.



