Les conditions gagnantes sont réunies pour une victoire de Justin Trudeau aux élections canadiennes de 2021. Il a une avance de 5% sur les conservateurs alors qu’il était à égalité avec les conservateurs d’Andrew Scheer au déclenchement des élections en 2019. Il obtient plus d’appuis aujourd’hui (35%) qu’aux élections de 2019 (33%), son taux de satisfaction est encore plus élevé à 42%, et il est perçu comme le meilleur premier ministre (27%) et celui qui gagnera les élections (47%). En plus, tous les gouvernements au Canada, que cela soit au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan, en Colombie-Britannique et même au Yukon, ont été réélus durant cette pandémie. Il coche toutes les cases de la victoire.
Pourtant la victoire est loin d’être acquise.
- Le premier écueil est celui de la pandémie. Les électeurs lui reprocheront d’avoir déclenché des élections en ces temps difficiles, de n’avoir pas suffisamment fait de prévention ou encore de diviser les gens sur le passeport vaccinal ou la vaccination obligatoire.
- Le second écueil est celui de l’économie. Les électeurs lui reprocheront d’avoir dépensé comme aucun gouvernement avant lui et d’avoir généré un déficit historique de plus de 350 milliards de dollars.
- Le troisième écueil est celui de l’environnement. Les électeurs lui reprocheront l’écart entre ses intentions et ses actions, notamment avec l’achat du pipeline Trans Mountain pour 4,5 milliards.
Mais la plus grande incertitude demeure la performance du chef conservateur Erin O’Toole. Inconnu du grand public, plutôt discret durant la pandémie, il est le seul nouveau chef d’un grand parti dans cette campagne électorale. Il sera sous les projecteurs durant 36 jours et devra convaincre les Canadiens qu’il est prêt à gouverner et surtout qu’il n’est pas Andrew Scheer. Il y aura un moment magique pour le chef conservateur durant le débat où les gens se demanderont « Pourquoi pas? », « Puis-je lui faire confiance? », « Est-il prêt à gouverner? », « Profitera-t-il de ce moment pour enfin connecter avec les électeurs? »
Parce que dans l’isoloir, au moment de voter, les gens ne se rappellent plus ce que le politicien a dit, ni même ce qu’il a promis, mais ils se rappellent toujours l’émotion qu’il leur aura fait vivre. Une élection débute toujours dans les chiffres et se termine souvent dans l’émotion.