Est-il possible d’être trop jeune pour faire un burnout?
Il y a de grandes chances que lorsqu’on vous parle de burnout, vous vous imaginiez un professionnel au sommet de sa carrière, cumulant stress et fatigue, et qui s’est épuisé à force de ne plus compter ses heures au travail. Mais, détrompez-vous! Notre plus récent sondage indique une toute nouvelle réalité.
Comme vous pouvez l’observer sur la carte ci-dessous, les deux tiers (66%) des 18-34 ans ont déjà vécu un épuisement professionnel, un chiffre qui surpasse la moyenne nationale, qui s’élève à 57%, mais qui surpasse aussi les taux des générations plus âgées. Par ailleurs, nous constatons que les Québécois ont été significativement moins nombreux (40%) à affirmer avoir déjà vécu un épuisement professionnel, alors que c’est en Alberta (69%) ainsi qu’en Ontario (62%) qu’on observe les taux les plus hauts.
Sondage Léger réalisé du 7 au 9 avril 2019 auprès de 1444 Canadiens représentatifs, marge d’erreur de 2,5%.*Aux fins de comparaison, pour un échantillon probabiliste.
Bien que cette question implique une autoévaluation de la part des Canadiens et Canadiennes, les résultats que nous pouvons observer ci-dessus reflètent une nouvelle réalité non négligeable : nous vivons à un rythme effréné, adoptons des modes de vie qui ne laissent pas place au repos et sommes de plus en plus dépressifs et anxieux.
Une hausse des problèmes de santé mentale chez les jeunes
La société de performance dans laquelle nous vivons et, entre autres, l’avènement des réseaux sociaux qui poussent à l’extrême la quête d’une perfection perdue d’avance contribuent à la hausse des problèmes de santé mentale chez les jeunes. Les réseaux sociaux créent une pression énorme de performance et de popularité et alors qu’à l’adolescence notre identité est en pleine formation, l’avis constant des autres sur internet amène une grande part d’insécurité et de vulnérabilité, selon Jean-François Bélair, pédopsychiatre. Doit-on se surprendre que ces chiffres soient donc si élevés?
Ne faisons qu’observer comment se portent les jeunes au Québec, ces futurs adultes qui entreront sur le marché du travail dans les prochaines années. Selon une étude de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) réalisée en 2016-2017 auprès de 62 000 jeunes, les problèmes de santé mentale ne cessent d’augmenter chez les élèves du secondaire. À titre d’exemple, plus de 29% des jeunes du secondaire souffrent actuellement d’un niveau élevé de détresse psychologique, et plusieurs se tournent vers la médication afin de se soigner. Dans le milieu scolaire, on parle souvent de « surmenage ».
C’est peut-être ce surmenage qui nous suit de l’adolescence à l’âge adulte, qui nous pousse à en faire beaucoup et parfois trop, finalement. Selon Nancy Fortin, ressource régionale en psychopathologie au ministère de l’Éducation, on dit souvent aux jeunes qu’« il faut avoir les meilleures notes possible, on leur dit qu’ils sont jeunes et qu’ils sont capables d’en prendre. » Il s’agit d’un discours dangereux. Nous n’avons qu’à observer les résultats présentés ci-dessous, tirés de notre Étude Jeunesse 2018, afin de constater l’ampleur de la situation au Canada.
En bref…
Les chiffres peuvent paraître inquiétants. Trop souvent tabous, beaucoup de Canadiens ne sont pas enclins à parler de leurs problèmes de santé mentale à leurs collègues. Dans les faits, selon un sondage du Conference Board of Canada, seulement 21% des Québécois se sentiraient à l’aise d’en parler. Pourtant si cruciale pour la santé de l’humain, la santé de la tête est souvent mise de côté. Toutefois, plusieurs initiatives, par exemple la Journée Bell Cause pour la cause, permettent d’accroître l’éducation et la communication pour lutter contre les tabous et la désinformation entourant la santé mentale. Peut-être observerons-nous une baisse de ces chiffres dans un avenir rapproché…
Sources :
https://www.journaldemontreal.com/2018/10/22/trop-plein-demotions
https://www.ledevoir.com/societe/542949/l-isq-et-la-sante-mentale-des-jeunes